Monographie N°1



01. À propos d’un claveau retrouvé dans le cellier du Collège des Bernardins

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Christian Barbier

pour Christian Colas


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Il s’agit d’un profil dessiné au charbon de bois sur un élément lapidaire provenant du cellier

Il s’agit d’un profil dessiné au charbon de bois sur un élément lapidaire provenant du cellier

L’archéologue Marc Viré, présent tout au long des opérations, précise que :
« lors du démontage d’un des claveaux des arcs doubleaux du cellier qui devait être déposé dans le cadre de la restauration, l’un des ouvriers a découvert sur le lit de pose du claveau, [ce] dessin exécuté au charbon de bois. Le profil figuré a été conservé sous le mortier d’assemblage du joint et est parvenu jusqu’à nous avec une remarquable fraicheur ».


Ce claveau, et donc le dessin qui y figure, est présent dans le voûtement du cellier depuis sa création, c’est-à-dire vraisemblablement dans les années 1248-1250.
À cette époque, il n’y avait pas de cistercien sur le site, si ce n’est qu’occasionnellement pour visiter le chantier et en tout cas il n’y avait pas de professeur cistercien, puisque Guy de l’Aumône, le premier maître en théologie de l’Ordre, ne l’a été qu’en janvier 1256.

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La coiffure que porte le personnage est une « cale ».

La cale (plus rarement orthographiée calle), dont on trouve la première mention dès le XIIe siècle, deviendra très populaire au XIIIe siècle. Il s’agit d’un bonnet bien ajusté sur la tête prolongé par deux morceaux de tissu faisant office de cordons devant être noués sous le menton. Cette coiffure semble avoir été très largement utilisée par les « laboratores » (agriculteurs, ouvriers, etc…).

On en trouve de nombreuses représentations sur des vitraux (à Chartres par exemple) ou sur des enluminures.

On trouvera ci-après quelques illustrations tirées de la Bible de Maciejowski (Ms. 638 de la Pierpont Morgan Library à New-York), enluminée à Bruges vers 1250, c’est-à-dire exactement contemporaine de notre claveau. On notera que les ouvriers portent pratiquement tous cette cale, en particulier les tailleurs de pierre.

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Notre « caricature » est donc vraisemblablement celle d’un compagnon de chantier.

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Christian Barbier

Le 15 février 2012